Face à la pénurie de talents et au nombre croissant de travailleurs indépendants, le monde de l’entreprise s’adapte. Au cœur du nouvel organigramme, le Chief Freelance Officer a pour mission d’identifier les freelances en fonction des compétences recherchées, puis de leur donner un cadre afin de les intégrer au mieux dans l’entreprise et de les faire travailler de concert pour répondre aux besoins et aux attentes de chacun.
Les compétences plutôt que le statut, matrice de l’entreprise de demain
Comme l’a montré le récent mouvement dit du Big Quit, les attentes des actifs changent, et le monde du travail tente de s’y adapter. La France, d’après le rapport de l’INSEE à fin 2021, compte un peu plus de 3 millions de travailleurs indépendants. Un chiffre en constante évolution, avec près de 400.000 auto-entrepreneurs en plus entre juin 2020 et juin 2021, soit une progression de 17,2%. Si la hausse est constante depuis 2008, elle s’est encore amplifiée depuis la pandémie de COVID. Et la tendance ne devrait pas s’arrêter dans les années à venir, tant ce nouveau mode de travail correspond aux envies des actifs actuels : autonomie, responsabilité, liberté d’organiser son temps afin de préserver l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle…
Tous les secteurs et toutes les classes d’âges sont concernés par le phénomène. Si le turnover n’effraie plus les salariés (il a quintuplé au cours des trente dernières années !), quitter l’entreprise pour se mettre à son compte, en préférant la liberté à la stabilité parfois un peu illusoire d’un emploi à durée indéterminé, est aujourd’hui une possibilité crédible. Les travailleurs confirmés, experts dans leur domaine, sont les plus aptes à embrasser le statut d’indépendant : en 2019, ils étaient un peu plus d’un million à avoir fait ce choix, soit une augmentation de 71% en l’espace de dix ans.
Face à ce changement majeur du monde du travail, les entreprises s’organisent. Dans un monde où l’efficacité prime, les questions de statuts ont tendance à moins compter que les compétences. Reste à s’organiser pour faire cohabiter, au sein d’un même espace de travail, travailleurs indépendants et salariés, avec comme grande question : qui va s’en occuper ?
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Les travailleurs indépendants, des électrons libres au cœur des services
Dans les PME, ce sont souvent les services métiers qui se chargent d’identifier et d’engager le freelance, sans même passer par le service RH, créant ainsi une filière “parallèle” de recrutement ne reprenant pas forcément les codes de l’entreprise (intégration, rémunération, etc).
Dans les entreprises de plus grande taille, le pôle achat est souvent l’un des interlocuteurs privilégiés du freelance, comme si l’entreprise se contentait d’acquérir une prestation intellectuelle. Il s’agit d’estimer le coût de cette prestation et d’établir un contrat en accord avec la législation. Des aspects économiques et juridiques qui ne couvrent pas toutes les réalités du « partenariat » et qui créent parfois des incompréhensions : si un paiement à 45 jours est acceptable pour une entreprise, il est plus difficile à accepter pour un travailleur unique…
Le sujet peut aussi être pris en charge par le pôle RH. Mais la gestion des ressources humaines se réduit parfois à celle des ressources salariés : il existe peu de processus pour intégrer ou suivre le freelance le temps de sa mission, le convoquer aux évènements importants de la vie de l’entreprise ou lui proposer des formations auxquelles il pourrait pourtant avoir accès.
En réalité, c’est souvent uniquement au niveau opérationnel et en fonction du chef de mission que se joue la bonne intégration de l’indépendant. S’il n’est pas impliqué, de forts problèmes de communication sont à craindre, pénalisant le travailleur indépendant mais aussi l’entreprise. La bonne intégration est ainsi en quelque sorte le fruit du hasard, une incertitude préjudiciable auquel le poste de Chief Freelance Officer vient répondre.
Chief Freelance Officer, un poste clé pour sélectionner, intégrer, coordonner et accompagner
Comme pour de nombreuses fonctions apparues ces dernières années, le Chief Freelance Officer doit disposer d’un profil hybride. Avec de fortes compétences en ressources humaines, il sait aussi se comporter en chef de projet pour mener à bien sa mission. C’est un communiquant qui sait aussi bien prendre en compte les demandes des freelances pour travailler en bonne entente que les attentes de la direction, pour mener à bien, dans les temps et suivant les budgets, les missions qui lui sont confiées.
Le rôle du Chief Freelance Officer est d’offrir un cadre clair pour que les freelances exécutent leur mission de la façon la plus profitable, pour eux comme pour l’entreprise. Il s’agit en premier lieu de mettre en place des processus d’onboarding et d’offboarding : présenter aux freelances l’entreprise, ses valeurs, sa philosophie, et débriefer en fin de mission afin de retirer le maximum de la collaboration. Seul, en support du service RH ou directement avec les chefs de projet/service, il participe à la sélection. Il qualifie les besoins et propose des solutions pour sourcer les meilleurs profils. Il peut s’appuyer sur des partenaires de confiance, comme des cabinets de recrutement, mais le choix final du candidat ne doit reposer que sur ses compétences et sur ce qu’il peut apporter à l’entreprise.
Une fois la mission commencée, son rôle est celui d’un organisateur, d’un facilitateur, mais aussi et surtout d’un communiquant. En interne d’abord, pour présenter le freelance recruté aux services avec qui il va travailler, mais aussi à ceux qui pourraient éventuellement avoir besoin de ses compétences. Il doit ensuite poser des jalons qui aideront au bon déroulé de la mission : interlocuteurs à contacter, calendrier, objectifs chiffrés, mais aussi problèmes relationnels ou de rémunération, le Chief Freelance Officer est le référent ultime du freelance. Sur les projets d’importances faisant appel à plusieurs travailleurs indépendants, il joue un rôle de chef d’orchestre s’occupant de s’assurer que chacun travaille de façon cohérente, en gérant aussi bien l’avancée de la mission que les emplois du temps de chacun, jours de repos compris.
Le rôle du Chief Freelance Officer, enfin, se poursuit une fois la mission terminée. Il se charge de garder le contact, de proposer des missions, de s’assurer, en résumé, de fidéliser les talents.
Engager un Chief Freelance Officer en interne ou… en indépendant ?
Si le poste de Chief Freelance Officer n’est pas encore entré dans la culture d’entreprise, cela devrait, compte-tenu de l’augmentation du nombre de travailleurs indépendants, changer d’ici quelques années. Se pose alors la question pour l’entreprise de l’intégrer à son organigramme, le plus souvent en le rattachant au service RH, ou de faire appel à un travailleur indépendant.
Cela dépend probablement du nombre de freelances à gérer. Intégré à l’entreprise, le Chief Freelance Officer connaîtra mieux sa culture, les responsables en place, et pourra gérer sur le long terme le suivi des processus mis en place. Mais, en externe, il disposera sans doute d’un vivier de talents plus régulièrement mis à jour. Il sera plus au fait des avancées législatives concernant le statut d’indépendant, et comprendra d’autant mieux les difficultés et les besoins des freelances du fait qu’il les partage. Par ailleurs, faire appel à un Chief Freelance Officer de façon ponctuelle permet de mettre en place rapidement une équipe le temps d’une mission, afin de répondre à un besoin précis sans alourdir, sur le temps long, sa masse salariale.
Les questions liées au recrutement du Chief Freelance Officer sont finalement les mêmes que pour n’importe quel autre poste. Au-delà du cadre législatif, il s’agit désormais, sans s’enfermer dans un organigramme trop strict, de penser chaque recrutement en fonction de la mission, des compétences et de l’apport réel qu’un talent peut amener dans l’entreprise, en prenant en compte, de façon sincère et transparente, les besoins de chacun.
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Sources :
- https://www.ladepeche.fr/2022/01/21/la-france-compte-toujours-plus-de-travailleurs-independants-10061008.php
- https://www.insee.fr/fr/statistiques/6017572
- https://www.insee.fr/fr/statistiques/1373547?sommaire=1373556
- https://www.freelance.com/blog/tendances/etude-freelancing-france/