Améliorer les chiffres plutôt que tenir les comptes
Les objectifs d’un directeur financier sont si simples à définir que son apport à une entreprise paraît évident : il a pour mission de définir une stratégie, de comprendre comment la valeur se crée, de gérer les risques potentiels, enfin, en résumé, de contribuer à faire évoluer et croître l’entreprise.
Si de nombreuses entreprises s’en passent encore aujourd’hui, c’est donc plus par défaut de connaissance ou par confusion, que par véritable volonté. Le DAF est ainsi souvent encore vu comme redondant avec l’expert-comptable, dont les services sont imposés par la loi. Leurs rôles s’ils peuvent se rejoindre lors de l’étude des résultats, sont pourtant très différents. L’expert-comptable peut se limiter à une vérification règlementaire des chiffres, en s’assurant qu’ils sont conformes à la règlementation en vigueur. Dans son rôle de conseil, il a plutôt tendance à regarder dans le rétroviseur, en se basant sur les résultats passés, tandis que le DAF anticipe et regarde vers l’avant. Une façon d’envisager les succès futurs plutôt que de ressasser les ratés passés.
Plus expert, plus connaisseur du marché, le DAF seul dispose des compétences pour définir, avec une vision très orientée business, la stratégie qui permettra à l’entreprise de se développer.
Certaines entreprises, ignorant cet aspect stratège, choisissent de se passer d’un directeur financier à leurs débuts, estimant que, tant que l’entreprise n’a pas atteint une taille critique, en termes de chiffre d’affaires notamment, son apport n’est pas essentiel. C’est une erreur, car le directeur financier, force de conseil auprès du dirigeant est au moins aussi utile lors du lancement d’une entreprise, pour aider à définir le business model et les sources de revenus potentielles, que plus tard, lorsqu’il s’agira de gérer le quotidien.
Loin d’être un simple analyste des comptes de l’entreprise, le directeur financier joue un rôle majeur au sein de l’entreprise, rôle encore renforcé à l’heure de la transformation digitale.
Vous n’êtes qu’à quelques clics de trouver votre DAF
Un poste pivot à l’heure du big data
L’arrivée et le développement des outils informatiques ont profondément modifié le rôle du DAF, le libérant de certaines contraintes et lui offrant de nouvelles perspectives, à condition de savoir s’adapter. A l’heure du big data, il est plus facile de récupérer et de classer de nombreuses informations. Cette tâche, tout comme celles purement administratives, sont simplifiées par la mise en place de processus d’automatisation. C’est l’heure du reporting en un clic ! Débarrassé de tâches sans valeur ajoutée, le DAF peut se consacrer à son coeur de métier.
La définition d’une stratégie se base sur une analyse. Les rapports et le suivi de l’évolution d’une activité n’est plus, comme autrefois, mensuelle ou trimestrielle : le suivi se fait au jour le jour, quasiment en « direct ». Par ailleurs, la multiplication des données demande une plus grande capacité de compréhension et de synthèse : il n’est plus possible de mesurer le succès ou l’échec d’une entreprise en se basant sur un seul indicateur. Les logiciels de business intelligence, qui compilent les données, ne remplacent pas le DAF, mais l’aide à dresser de nouvelles perspectives.
Autre point clé des missions du DAF, la gestion des risques s’est vue bouleversée par les nouvelles pratiques internet. Il faut désormais, en plus des crises financières, penser aux questions de réputation en ligne et aux cyberattaques. Toutes ces tâches ne peuvent pas être accomplies seul, et le DAF doit travailler de concert avec différentes équipes, comme la communication et le marketing. Son rôle est donc aujourd’hui plus transversal que par le passé, au point que certains voient en lui un « super directeur opérationnel ».
Relais et conseiller de la direction, présent à la fois en amont et en aval du business, le DAF moderne sait analyser, anticiper et s’adapter, mais aussi convaincre pour mettre en place ses idées. Des compétences multiples qu’il n’est pas toujours facile de recruter.
Le DAF en temps partagé, privilégier l’efficacité au temps passé
Le secteur financier est, comme de nombreux autres, touché par une pénurie de talent. Recruter un DAF peut donc être difficile, d’autant que, pour ce poste stratégique, il ne faut pas se tromper de profil. La question de l’expérience, par exemple, est cruciale. Pour une entreprise jeune se développant rapidement et souhaitant négocier avec des fonds d’investissement, mieux vaut recruter un DAF assez sénior. Qui devra toutefois savoir innover, la révolution numérique ayant changé les règles du jeu. Les anciens business modèles, s’ils peuvent service de référence, ne constituent pas une ligne de route facile à suivre.
Travaillant en équipe tout en étant autonome, expérimenté mais neuf par rapport aux nouveaux modèles, expert dans les comptes mais sachant se libérer de l’aspect purement numérique… Si les DAF sont nombreux sur le marché, trouver celui qui vous convient et le recruter n’est pas chose aisée. Le temps partagé peut constituer une solution, mais passer le pas est pour certaines entreprises encore difficile.
Si le fait d’externaliser est chose courante dans le domaine de l’IT, il n’en est pas encore de même pour les finances, que les entreprises préfèrent souvent garder en interne, ou du moins en avoir l’impression : en faisant recours à une banque ou aux conseils de l’expert-comptable, elles ont, en réalité, déjà fait un pas en avant vers le temps partagé…
Les arguments sont pourtant nombreux en faveur du temps partagé. Il permet d’avoir à sa disposition un DAF disposant de compétences inaccessibles autrement, et dont l’apport sera mesurable. Présent dans les moments clés, lors de l’établissement de la stratégie ou de l’audit des résultats précédents, il bénéficie plus à l’entreprise qu’un DAF « lambda » présent à temps plein. Et ce même s’il coûte plus cher : cela peut paraître surprenant, mais la rémunération d’un DAF pour quelques jours par semaine peut être plus importante que celle d’un salarié, au même poste, à temps plein.
Si cela peut être initialement perçu comme une mauvaise affaire, il faut mesurer l’apport final à l’entreprise. Un spécialiste répondant parfaitement à vos besoins aura plus de chance de développer votre entreprise et de votre chiffre d’affaires qu’un directeur moins compétent et présent en permanence.
Entre l’efficacité et le temps passé, le calcul est facile et le choix rapidement fait : mieux vaut un acteur de premier plan capable de changer la donne en quelques actions plutôt qu’un temps plein lambda, certes présent tout le temps, mais en tant que figurant.
L’enjeu, en particulier les départements RH, devient dès lors autant de recruter des talents que de savoir comment les garder au sein de l’entreprise. D’autant que le mouvement ne fait plus peur, au contraire : pour les millenials ayant déjà une solide expérience, changer d’entreprise régulièrement n’est pas un signe d’échec, mais permet au contraire de donner de l’élan à leur carrière. Le turnover, même chez les cadres, est par ailleurs de plus en plus fréquent.